Introduction
Grâce à l'audace de six fondateurs des Remparts de Québec, les Nordiques font leur entrée dans l'Association mondiale de hockey en février 1972.

Le hockey a une longue et belle histoire dans la Vieille Capitale. Au début du dernier siècle, les Bulldogs remportent la coupe Stanley à deux reprises (1912 et 1913) et font une brève apparition dans la Ligue nationale de hockey (LNH) en 1919-1920. Les As (hockey senior) et les Citadelles (hockey junior) prennent le relais jusqu’aux années 60. En 1969, la société Colibec rachète les As Juniors des Flyers de Philadelphie et fonde les Remparts, pierre d'assise de la nouvelle Ligue de hockey junior majeur du Québec. Le club au R crénelé connaît un succès instantané avec Guy Lafleur dans ses rangs, mais deux clans se livrent bientôt une chaude lutte au sein de la société Colibec.

Six membres fondateurs des Remparts, soit Marius Fortier, Jean-Marc Bruneau, John Dacres, Marcel Bédard, Jean-Claude Mathieu et Léo-Paul Beausoleil, sont d'avis que la société Colibec doit réinvestir ses profits dans le hockey professionnel à Québec. Ne pouvant s'entendre avec les autres investisseurs, ils quittent l'entreprise le 23 août 1971 et reçoivent 60 000 $ pour leurs actions. Par un heureux hasard, l'Association mondiale de hockey (AMH) voit le jour à peu près au même moment. Le nouveau circuit montre dès le départ un intérêt pour la ville de Québec mais ne prend aucune initiative pour le concrétiser. Quand le «groupe des six» prend enfin contact avec l'AMH, il est trop tard pour obtenir une concession au coût de 25 000 $.

Ce retard coûtera cher aux Québécois. L'AMH dit officiellement non au groupe, mais lui propose en cachette la franchise de San Francisco. Cette «concession flottante» appartient à Michael O'Hara mais aussi au fondateur de la ligue, Gary Davidson. Par une manoeuvre pas trop catholique, l'AMH en profite donc pour «faire la passe» avec les Québécois. Ceux-ci doivent débourser la rondelette somme de 215 000 $, soit dix fois plus que le prix initial des autres concessions de la ligue, mais une aubaine en comparaison du coût d'une franchise dans la LNH, estimé à six millions. La transaction est finalement conclue le 11 février 1972 à Anaheim en Californie, moins de 24 heures avant le repêchage inaugural de l'AMH.

Le groupe des six doit maintenant trouver le financement adéquat pour exploiter son équipe. Il lance un appel aux investisseurs de la région de Québec, mais personne ne veut s’engager dans ce projet plutôt risqué. Un groupe de Montréal s'amène au mois de mars dans la Vieille Capitale avec de bien belles promesses, mais il décampe presque aussitôt. Isolés et sans le sou, les Québécois doivent déposer le 15 avril une garantie de 100 000 $ à la ligue, sinon la concession sera rayée de la carte, comme celles de Miami et Calgary. Heureusement, «Wild Bill» Hunter, propriétaire des Oilers de l'Alberta, accepte de se porter garant et le club québécois dispose d'un dernier sursis.

Sollicités par le maire Gilles Lamontagne et l'ex-premier ministre du Québec Jean Lesage, des investisseurs de la région de Québec finissent par donner un coup de pouce aux six courageux fondateurs des Nordiques. Le 5 mai 1972 à Place Laurier, le club récolte des disponibilités de deux millions, dont un million en argent comptant, bien assez pour entamer la saison 1972-1973. Avec leurs cellules de financement comprenant 220 adhérents au total, les Nordiques se démarquent déjà des autres équipes de l'AMH et de leurs propriétaires riches comme Crésus. Après ces premiers mois fertiles en rebondissements, la vraie aventure des Nordiques peut enfin débuter.


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