Saison 1987-1988
Bien qu’en reconstruction, les Nordiques perdent peu de terrain en saison régulière mais ratent cette fois les séries éliminatoires.

Le visage du club québécois change considérablement après les départs de Michel Bergeron et Dale Hunter à l'été de 1987. Désormais privés du «tigre» derrière le banc et de la «petite peste» sur la patinoire, les Nordiques font confiance à André Savard pour assurer la relève de Bergeron au poste d'entraîneur-chef. Savard est remplacé à Fredericton par Ron Lapointe, auparavant dépisteur chez les Capitals de Washington. Comme s'il n'avait pas assez travaillé durant l'été, Maurice Filion a un autre dossier important à régler, celui de John Ogrodnick qui persiste à vouloir quitter les Nordiques. Qualifié de «cancer» dans le vestiaire de l'équipe, Ogrodnick assure qu'il se retirera du hockey professionnel s'il n'est pas cédé à une autre équipe aussitôt. Il se permet même de critiquer le travail de Filion, laissant entendre que le directeur-gérant a reçu de bonnes offres d’autres clubs pour acquérir ses services.

Arrivé à reculons au camp d'entraînement, Ogrodnick est finalement échangé aux Rangers de New York le 30 septembre, en compagnie de David Shaw, en retour de Jeff Jackson et Terry Carkner. Phil Esposito, le coloré directeur-gérant des Rangers, en profite pour déclarer que tous les joueurs des Nordiques désirent quitter la Vieille Capitale. Malgré l'acquisition de Gaétan Duchesne et Alan Haworth, obtenus à la faveur de la transaction ayant expédié Dale Hunter à Washington, les Nordiques ne ressemblent en rien à une équipe améliorée. Les journalistes du Soleil leur prédisent le troisième rang de la division Adams, mais Stan Fischler les voit au contraire au dernier rang à cause du départ de Hunter.

Néanmoins, les Fleudelisés partent en lion avec trois victoires d'affilée, mais la grogne a tôt fait de s'installer dans le vestiaire. André Savard relègue Anton Stastny à la passerelle, une décision qui déplaît évidemment à son frère Peter. Après un voyage désastreux dans l'Ouest (une nouvelle tradition qui s'installe chez les Nordiques), les joueurs exigent plus de communication avec leur entraîneur, qu’ils comparent au distant Scotty Bowman, et ils songent déjà à la mutinerie. On se demande si Savard est assez préparé pour établir son autorité dans la «jungle» de Québec, cimetière des entraîneurs avant le règne de Michel Bergeron. Pendant ce temps, à Fredericton, Ron Lapointe connaît beaucoup de succès et passe pour un «Jacques Demers amélioré», un candidat idéal pour remplacer l'entraîneur fortement contesté des Nordiques.

Le 1er décembre, après une défaite au Colisée contre Vancouver, Savard signe son arrêt de mort en s'en prenant directement aux journalistes. La direction des Nordiques congédie Savard et le remplace par Ron Lapointe après la défaite des Nordiques à Buffalo le 3 décembre. Savard part après seulement deux mois de travail, mais une honnête fiche de 21 points en 24 rencontres plaide en sa faveur. Alain Côté confirme qu’il n'a pas tous les torts dans cette histoire: «J'ai jamais vu un gars poignardé dans le dos par autant de monde1», déclare-t-il. Après le fiasco de l'échange Ashton-Ogrodnick, Maurice Filion doit avouer aux journalistes qu'il s'est trompé en embauchant Savard.

Homme enclin à composer plus facilement avec ses joueurs, Ron Lapointe arrive néanmoins à Québec avec une certaine réputation, héritée de son passage dans les rangs juniors où il a commis quelques frasques. L'entraîneur verdunois assure qu'il ne fait plus de «folies» et il orchestre une remontée des Nordiques qui passent du cinquième au troisième rang de la division Adams à la fin du mois de décembre. Mais la lutte est serrée et, à la mi-saison, le club québécois retombe au cinquième rang avec 38 points. Le 24 janvier face aux Canadiens, Terry Carkner quitte le banc des Nordiques durant une altercation sur la patinoire pour aider ses coéquipiers forcés de se défendre à quatre contre cinq. On ignore si Lapointe a délibérément envoyé Carkner dans la mêlée, mais la ligue le prétend et lui inflige une suspension de cinq matches.

Privés de leur entraîneur régulier, les Nordiques se laissent aller: ils perdent quatre fois et n’obtiennent qu’un seul gain. Atroces à domicile, ils sont copieusement hués par le public du Colisée, qui s'en prend particulièrement à Mario Gosselin, gardien numéro un depuis le départ de Malarchuk. Secondé tant bien que mal par Mario Brunetta, le «Goose» balaie du revers de la main les critiques des journalistes, qui estiment qu'il accorde au moins un mauvais but par match. Il prétend au contraire qu'il connaît une bonne saison. Au même moment, Jacques Demers affirme que s'il était resté à Québec, les Nordiques auraient déjà remporté une coupe Stanley. À la ligne bleue, Jeff Brown démontre beaucoup de talent mais Normand Rochefort est encore blessé. C’est la guigne qui s'acharne sur le «Roc», lui qui avait fait sensation quelques mois plus tôt au tournoi de la coupe Canada.

Le 26 février, Gord Donnelly se voit infliger une deuxième suspension de cinq matches au cours de la même saison pour s'être battu avec John Kordic avant même que le match ne débute. Trois jours plus tard, toujours contre Montréal, les Nordiques se font voler un point précieux lorsque l'arbitre Don Koharski refuse un but à Gaétan Duchesne à la toute fin de la rencontre. Luttant avec Hartford pour le quatrième rang de la division Adams, Québec devance les Whalers le 15 mars grâce à une victoire contre Toronto, mais retombe presque aussitôt au cinquième rang. Avec un tout petit point à leur huit derniers matches, les Nordiques sont éliminés des séries éliminatoires le 29 mars, une première en huit ans. Deux jours plus tard, Gord Donnelly reçoit sa troisième suspension de la saison, dix matches pour un coup de bâton au visage de Jim Johnson des Penguins.

Les Nordiques n'ont inscrit que trois points de moins qu'en 1986-1987, mais ils ratent les séries éliminatoires par huit points. Avec une meilleure fiche à l’étranger qu'à domicile, le club québécois termine la saison sous la barre des .500 au Colisée pour la première fois de son histoire. Peter Stastny et Michel Goulet se hissent encore une fois dans la liste des dix meilleurs compteurs du circuit, mais derrière eux seul Anton Stastny parvient à franchir le cap des 60 points. On relève un sérieux manque de profondeur chez les Fleurdelisés, qui se retrouvent dans l'obligation d'accélérer le mouvement de reconstruction s'ils veulent renouer avec les succès du passé. Mais le travail à faire est encore plus important qu'on ne l'imagine et les ennuis ne font que commencer…

Notes de référence
1. Brian McFarlane, One Hundred Years of Hockey, Toronto, Deneau Publishers, 1989, p. 273.

Voir aussi
Profil: Alain Côté
Souvenir: Les arbitres et les Nordiques
Statistiques, saison 1987-1988
Cartes postales des Nordiques, saison 1987-1988
Cartes O-Pee-Chee/Topps, saison 1987-1988
Autocollants O-Pee-Chee, saison 1987-1988
Cartes O-Pee-Chee Minis, saison 1987-1988
Autocollants Panini, saison 1987-1988
Cartes Yum Yum, saison 1987-1988
Magazines, saison 1987-1988
Photo d'équipe, saison 1987-1988


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