Rendez-Vous 87
Grande fête du sport et des arts, le projet grandiose de Marcel Aubut a été un succès sur toute la ligne… ou presque.

La ville de Québec avait déjà accueilli le match des étoiles de l'AMH en 1972 et 1978, sans trop épater la galerie. Elle avait aussi vécu le désastre financier de Québec 84 (festivités du 450e anniversaire de la visite de Jacques Cartier). Pas question de connaître un échec pour le match des étoiles de la LNH de 1987! Encouragé par John Ziegler, Marcel Aubut orchestre dans la Vieille Capitale le plus grand match des étoiles de l'histoire de la ligue. Deux matches, en fait!

L'organisation des Nordiques se met au travail dès la saison 1984-1985. Le lancement officiel de «Rendez-Vous 87» a lieu le 5 février 1986. On y présente la mascotte de l'événement, Badaboum, qui demeurera avec l'équipe après 1987. On y apprend que la puissante formation de l'URSS viendra disputer à Québec deux rencontres contre une équipe d'étoiles de la LNH, idée déjà retenue à New York en 1979 pour la coupe du Défi. Les entreprises invitées à commanditer l'événement sont toutefois lentes à s'associer au projet, tandis que certaines vedettes de la LNH comme Wayne Gretzky se font tirer l’oreille, préférant le format conventionnel du match des étoiles, beaucoup plus relaxant.

Dans les mois qui précèdent Rendez-Vous 87, on tergiverse un peu au sujet du choix des entraîneurs de l'équipe de la LNH et du traitement des joueurs invités, mais rien de bien inquiétant! Aubut réunit les 15 millions de dollars requis pour financer l'événement et il doit même refuser des annonceurs de dernière minute. Les festivités débutent le 8 février 1987 pour se poursuivre jusqu'au 15 février. Dès le départ, le succès est éblouissant. Les amateurs envahissent le Manège militaire, où sont mis en évidence plus de 3000 objets du Temple de la renommée. Les plus grandes vedettes du hockey (Howe, Tretiak, Lafleur) et du sport en général (Pelé, Wilt Chamberlain) se présentent à Québec. Sans oublier les parades de mode, les grands dîners gastronomiques et la prestation du renommé chœur de l'Armée Rouge! C'est le mariage parfait entre le sport et la culture, un happening inoubliable.

En toile de fond, le fameux Carnaval de Québec et le décor enchanteur de la Vieille Capitale sous les flocons! Les gouverneurs de la LNH n'ont jamais rien vu de tel. Loin d'être le désastre financier prédit par certains, Rendez-Vous 87 assure une publicité inespérée à la ville de Québec et se solde par un profit de deux millions de dollars. Des dizaines de millions de téléspectateurs dans le monde suivent avec intérêt les deux matches entre la LNH et l'URSS. Dans le premier, Dave Poulin assure la victoire à la LNH par la marque de 4 à 3 grâce à un but à 1:15 de la fin de la troisième période. Dans le second match, les Soviétiques dominent le jeu et l'emportent par 5 à 3. Wayne Gretzky et Valeri Kamensky sont nommés les deux joueurs par excellence du tournoi, qui n'a pu faire de maître. Quelques mois plus tard, l'URSS et le Canada se reverront en finale de la coupe Canada…

Cette belle réussite a un prix. Accaparée par l'organisation de Rendez-Vous 87, la direction des Nordiques a négligé son équipe de hockey, qui amorce justement sa descente aux enfers. Aubut le confirmera dix ans plus tard: «Aucun doute que nous avons négligé le club. Moi-même, je n’étais plus là pour veiller sur l’équipe1». Évidemment, cette dégringolade au classement ne se serait peut-être pas produite sans les choix douteux au repêchage et l'échange de Dale Hunter. Mais le club a bel et bien été négligé durant cette période, seul aspect négatif de cet événement grandiose que fut Rendez-Vous 87.

Notes de référence
1. Le Soleil, 6 février 1997, p. D1.

Voir aussi
Sommaire: Rendez-Vous 87 (premier match)
Sommaire: Rendez-Vous 87 (deuxième match)


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