Saison 1983-1984
Les Fleurdelisés connaissent une excellente saison de 94 points, mais leurs efforts sont anéantis en éliminatoires contre Montréal, un certain Vendredi saint.

Le 8 juin 1983, les Nordiques réalisent une des plus importantes transactions de leur histoire en échangeant Réal Cloutier et leur premier choix au repêchage amateur aux Sabres de Buffalo en retour de Tony McKegney, André Savard et Jean-François Sauvé. Cette transaction ne fait pas l'unanimité sur le coup, mais il est certain qu’elle ajoute beaucoup de profondeur au club québécois. Une autre page de l'histoire des Nordiques est tournée le 3 octobre lorsque Marc Tardif annonce sa retraite du hockey professionnel. L'organisation souligne la contribution exceptionnelle de Tardif aux Nordiques en le nommant ambassadeur de l'équipe et en annonçant la tenue d'une soirée spéciale en son honneur le 1er novembre.

André Dupont ayant pris sa retraite, c'est Mario Marois qui assume dorénavant le titre de capitaine. Un autre défenseur, Jean Hamel, déménage chez les Canadiens tandis que les Fleurdelisés accueillent le Suédois Bo Berglund dans leurs rangs. Il n'y a pas d'absents au camp d'entraînement cette fois et Maurice Filion fait preuve d'optimisme en prédisant aux Fleurdelisés le deuxième rang de la division Adams et 15 à 20 points de plus. Les Nordiques remportent leurs trois parties d’avant-saison contre le Tricolore, dont celle disputée en «terrain neutre» à Trois-Rivières.

C'est en 1983-1984 que la période de prolongation en saison régulière fait son apparition dans la LNH. Marcel Aubut favorisait cette mesure depuis longtemps, mais cette nouveauté ne portera pas chance aux Fleurdelisés, qui termineront la saison avec un dossier de cinq défaites et dix matches nuls en prolongation. Ce sera l’une des rares déceptions chez les Nordiques en 1983-1984, qui inscriront en revanche quelques exploits: une série de dix victoires consécutives à domicile du 26 novembre 1983 au 10 janvier 1984 et des premiers gains en saison régulière à Montréal, à Long Island et au Minnesota.

La rivalité Canadiens-Nordiques augmente d'un cran lorsque Mario Tremblay accuse Michel Bergeron d'avoir délibérément demandé à Pat Price de l'attaquer lors du match du 3 janvier. Ce que Tremblay ne dit pas, c'est que les Canadiens ont également joué aux durs-à-cuire ce soir-là avec les Chris Nilan, Dave Allison et Kent Carlson. Un peu plus tard durant la saison, lorsque les Nordiques vont chercher le costaud Jimmy Mann à Winnipeg, Montréal réplique en embauchant Normand Baron, un adepte du culturisme qui a déjà remporté le titre de «Monsieur Montréal». Après le jeu excitant des premières années, les rencontres entre les deux clubs sont désormais marquées par l'accrochage et les coups salauds. Une évolution qui n'annonce rien de bon!

Les Nordiques ont amélioré grandement leur jeu défensif, ce qui ne va pas sans causer quelques difficultés aux frères Stastny, surtout Marian qui voit son temps de glace diminuer à vue d'oeil. Après une belle performance aux Jeux olympiques de Sarajevo, le gardien de but Mario Gosselin réussit son entrée dans la LNH en blanchissant les Blues de Saint-Louis le 26 février au Colisée. Peu après, Gosselin se blesse au genou et doit rater la fin du calendrier, mais tous les observateurs lui prédisent un brillant avenir chez les Nordiques. Toujours en février, le club québécois échange Dave Pichette à Saint-Louis contre André Doré et cède Pierre Aubry aux Red Wings de Détroit.

Après avoir cru un moment à une saison de 100 points, les Nordiques terminent la saison 1983-1984 avec 94 points, tout de même une amélioration de 14 points par rapport à la saison précédente et leur meilleure saison à ce jour dans la LNH. Les Fleurdelisés obtiennent ainsi le troisième rang de la division Adams, 19 points devant les Canadiens. Québec affronte au premier tour éliminatoire les Sabres de Buffalo qui se sont bien tirés d’affaire avec 103 points, un de moins que les Bruins de Boston. Les Sabres offrent peu de résistance aux Nordiques, qui remportent les deux premiers matches au Memorial Auditorium par 3 à 2 et 6 à 2. Le 7 avril, les Fleurdelisés complètent leur balayage de la série en battant Buffalo par 4 à 1. Ils ont infligé une véritable leçon de hockey à la troupe de Scotty Bowman.

On attendait Boston, mais c'est Montréal qui remporte l'autre série dans la division Adams. Les Canadiens ont causé une surprise en balayant les Bruins. Le gardien recrue Steve Penney a bloqué 74 des 76 tirs dirigés contre lui, au grand plaisir de l'entraîneur Jacques Lemaire qui a remplacé Bob Berry un peu plus tôt. Fin stratège, Lemaire est capable de tenir tête à Michel Bergeron. La série n’est pas commencée que les deux entraîneurs s'affrontent sur la place publique. Répliquant à un Lemaire que clame haut et fort que lui, au moins, a déjà joué au hockey, Bergeron annonce qu'il a épinglé la photo de Jacques Lemaire sur le mur de son bureau. Des journalistes provenant de partout en Amérique du Nord et même d'Europe se précipitent au Québec pour couvrir cette série explosive qui va déchirer la province.

Les Nordiques remportent le premier match au Colisée par 4 à 3, mais les Glorieux égalisent au match suivant grâce à une brillante performance de Penney. Jacques Plante applaudit et déclare: «Tretiak n'aurait pas fait mieux1». Lemaire en profite pour porter un autre coup à Bergeron, qualifiant de «stuff de junior» les bâtons que les joueurs des Nordiques brandissent un peu trop haut à son goût. La série se transporte au Forum, où les Canadiens remportent le troisième match par 2 à 1, au terme d’un duel défensif qui a vu les Fleurdelisés limités à 17 tirs. Frustré, Peter Stastny perd son calme devant un Guy Carbonneau qui le suit comme son ombre. Le lendemain, Québec l'emporte par 4 à 3 sur un but de Bo Berglund en prolongation, mais encore une fois Steve Penney a été étincelant devant son filet.

Dans le cinquième match, les Canadiens prennent l'avance et neutralisent totalement leurs adversaires; c’est un avant-goût de la stratégie de la «trappe» que Lemaire perfectionnera. Blanchis par 4 à 0, les Nordiques font face à l'élimination et se doivent de remporter le sixième match. L’affrontement a lieu au Forum le jour du Vendredi saint. Après deux périodes de jeu intense, une violente bagarre éclate, qui durera une heure. Privés de leurs deux meilleurs joueurs de centre, les Nordiques s'inclinent par 5 à 2. C’est le «match de la honte2» selon le journaliste Claude Larochelle. C’est en tout cas une fin de saison en queue de poisson pour les Fleurdelisés. Le Tricolore méritait de remporter le deuxième épisode de la bataille du Québec, mais cette victoire controversée laisse un goût amer aux partisans des Nordiques, convaincus d'être les victimes d'une machination.

Notes de référence
1. Le Soleil, 14 avril 1984, p. D1.
2. Le Soleil, 24 avril 1984, p. C1.

Voir aussi
Profil: Dale Hunter
Souvenir: La bagarre du Vendredi saint
Statistiques, saison 1983-1984
Sommaire: La bagarre du Vendredi saint
Cartes Esso, saison 1983-1984
Autocollants Funmate, saison 1983-1984
Cartes postales des Nordiques, saison 1983-1984
Cartes O-Pee-Chee, saison 1983-1984
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Porte-clés Souhaits Renaissance, saison 1983-1984
Cartes Vachon, saison 1983-1984
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Photo d'équipe, saison 1983-1984


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