Réal Cloutier
Marqueur naturel bourré de talent, Réal Cloutier n'a pas réussi à combler les attentes élevées des partisans des Nordiques dans la LNH.

À l'été de 1974, un nouvel épisode de la guerre entre l'AMH et la LNH s'amorce quand les clubs du circuit maudit décident de recruter les meilleurs espoirs de 18 ans du hockey junior. Pat Price, Cam Connor et Mike Rogers passent dans le giron de l'AMH, au grand désespoir de la ligue rivale. Chez les Nordiques, on lorgne Réal Cloutier, auteur de 93 buts et 216 points en 1973-1974 chez les Remparts de Québec. Le jeune prodige de Saint-Émile accepte de joindre les rangs du club québécois et, dès le départ, il impressionne ses coéquipiers par son talent et son assurance.

Après une première saison de 53 points en 63 rencontres, «Buddy» passe à l'action. En 1975-1976, à 19 ans, il devient le plus jeune joueur de l'histoire du hockey professionnel à marquer 60 buts en une saison, en plus d'être choisi au sein de la deuxième équipe d'étoiles du circuit. En 1976-1977, il fait encore mieux avec 66 buts et 75 passes en saison régulière, et 14 buts et 13 passes en séries. Le compagnon de trio de Marc Tardif et Christian Bordeleau continue sur sa lancée avec 129 points à chacune des deux dernières saisons de l'AMH, atteignant un sommet personnel de 75 buts en 1978-1979. Cloutier termine au troisième rang de l'histoire de l'AMH pour les buts (avec 283) et au quatrième pour les points (avec 566, à égalité avec Serge Bernier). Et il n'a que 23 ans lorsque les Nordiques joignent la LNH.

Celui qu'on voit déjà au Temple de la renommée ne rate pas son entrée dans le circuit Ziegler en marquant trois buts lors du match inaugural des Nordiques contre Atlanta. Il égale ainsi le record d'Alex Smart, qui avait aussi marqué trois buts dans son premier match dans la LNH avec Montréal en 1943. Mais le 9 août 1980, c'est la catastrophe: au cours d’un match de fastball disputé à Varennes, les crampons du soulier gauche de Cloutier se coincent dans la bordure du marbre et le joueur se fracture le col de l'astragale. Cloutier doit rater une bonne partie de la saison 1980-1981.

Il revient au jeu en formant un trio avec Marc Tardif et Peter Stastny. Les Nordiques effectuent alors une formidable remontée au classement, mais Cloutier accuse Peter de ne pas lui passer la rondelle sous prétexte qu'il aimerait mieux jouer avec son frère Anton. Cette allégation farfelue tombe à un bien mauvais moment, mais elle est le signe que l'avenir des Nordiques passe désormais par les frères Stastny, Michel Goulet et Dale Hunter. Les héros de l'AMH comme Cloutier et Tardif sont relégués à l'arrière-plan. «Buddy» continue d'amasser plus d'un point en moyenne par match, mais il est de plus en plus critiqué par les médias et une partie du public, persuadés qu’il pourrait faire beaucoup mieux.

Le 8 juin 1983, Cloutier est échangé aux Sabres de Buffalo contre Tony McKegney, André Savard et Jean-François Sauvé. C’est une excellente transaction pour les Nordiques, mais c’est un destin misérable pour «Buddy» qui s'en va jouer sous les ordres d’un Scotty Bowman qui ne l’a jamais apprécié. En 1983-1984, Réal connaît néanmoins un bon départ et il se permet un tour du chapeau contre Québec le 29 décembre 1983. Toutefois, Bowman le laisse traîner sur le banc en fin de saison et l'envoie dans les mineures pour la presque totalité de la saison 1984-1985. Les Sabres finissent par racheter son contrat et Cloutier revient à Québec. Il se présente en mauvaise forme au camp d'entraînement des Nordiques en 1985-1986 et ne réussit pas à impressionner la direction. À seulement 29 ans, l'heure de la retraite a déjà sonné pour Réal Cloutier! Toute sa carrière, finalement, se sera déroulée comme un film en accéléré.

Voir aussi
Statistiques et cartes de Réal Cloutier


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