Saison 1993-1994
Contre toute attente, les Nordiques ratent les séries pour une sixième fois en sept ans. Une saison gaspillée à cause d’un climat malsain au sein de l'équipe!

Comme l’admission de deux nouvelles équipes, les Mighty Ducks d'Anaheim et les Panthers de la Floride, a occasionné un repêchage d'expansion, les Nordiques doivent se départir d’un de leurs gardiens. Ils gardent Stéphane Fiset et échangent Ron Hextall aux Islanders contre Mark Fitzpatrick et le premier choix de ces derniers en 1993. Ils envoient également Mike Hough à Washington contre Réginald Savage et Paul MacDermid, ainsi que Scott Pearson à Edmonton en retour de Martin Gélinas et d'un choix de sixième tour. Les Fleurdelisés doivent céder Fitzpatrick et Bill Lindsay aux Panthers, mais c'est le départ d'Hextall qui fait jaser. Stéphane Fiset sera-t-il à la hauteur comme gardien numéro un?

Six ans après Rendez-Vous 87, Marcel Aubut organise à nouveau un événement de grande envergure. Invitation 93 se présente comme une série de manifestations entourant la séance de repêchage amateur de la LNH. Une marche grandiose se déroule dans les rues de Québec et met en scène de nombreuses légendes du hockey et la coupe Stanley. On a toutefois négligé un détail: à l'intérieur d’un Colisée rempli à craquer en cette belle journée du 26 juin, il règne une chaleur suffocante. Les Nordiques résistent à la tentation d'acquérir Alexandre Daigle (Ottawa exigeait plusieurs joueurs en retour de Daigle, qui s’avérera une énorme déception) et choisissent au premier tour le gardien Jocelyn Thibault, à la grande joie des partisans présents.

La ligue remanie ses divisions en vue de la saison 1993-1994. Les Penguins de Pittsburgh rejoignent ainsi les Nordiques dans une nouvelle division Nord-Est. On modifie également le format des éliminatoires: ce sont désormais les huit meilleures équipes de chaque conférence qui se qualifieront pour les séries. On croit bien que les Nordiques, en raison de leur remontée remarquable en 1992-1993, termineront au deuxième rang de leur division, mais beaucoup de points d'interrogation subsistent après leur élimination rapide au printemps précédent. Le talent y est, mais les Fleurdelisés ont-ils la détermination pour aller loin en séries? Il semble qu’ils n'aient pas encore «appris à gagner» et qu’ils trouvent plutôt des façons originales de perdre.

Pierre Pagé est un autre point d’interrogation, lui qui continue de cumuler les fonctions d'entraîneur et de directeur-gérant malgré la pile de contrats à renégocier (Lapointe, Foote, Gusarov et Duchesne, qui y va de sa deuxième grève consécutive). Le «feuilleton Forsberg» contribue aussi à la prudence dans les prédictions; les négociations sont interminables avec la famille du plus bel espoir du hockey suédois. Forsberg finira par accepter de joindre les Nordiques, mais seulement après les Jeux olympiques. Sans Hextall, Hough et Duchesne, les Nordiques connaissent un début de saison ordinaire, incapables d'aligner deux victoires d'affilée. Les Fleurdelisés échappent un match facile contre la Floride le 7 novembre et certains journalistes exigent la démission de Pagé de son poste d’entraîneur.

Owen Nolan jette une douche d'eau froide sur l'organisation en accusant les médecins de l'équipe d'avoir prononcé un diagnostic erroné sur l'état de ses épaules. Il quitte Québec de fort mauvaise humeur et n'y reviendra qu'à la fin janvier pour y poursuivre son traitement. De son côté, Duchesne refuse toujours de jouer, même si les Nordiques ont obtenu gain de cause en arbitrage. Souffrant d’une hernie discale, Fiset doit céder sa place devant le but; Thibault, Jacques Cloutier et Garth Snow prennent la relève et ne s’en tirent pas trop mal puisque les Fleurdelisés se replacent à la fin du mois de novembre avec une seule défaite en 12 rencontres. Ils atteignent le huitième rang de leur conférence, mais pas pour longtemps. Ils perdent à domicile contre Tampa Bay le 28 décembre, une défaite honteuse de 4 à 1 qui incite les amateurs du Colisée à scander «Pee-wee! Pee-wee!».

Le 5 janvier 1994, Canadiens et Nordiques s'affrontent à Phoenix en Arizona. On est bien loin de la «20» pour raviver la rivalité entre les deux clubs, retombée à plat depuis la série du printemps dernier. On chuchote même que Phoenix pourrait accueillir l'équipe de Marcel Aubut dans un avenir fort rapproché, mais la maigre foule et le logo des Nordiques mal dessiné au centre de la glace n'ont rien de bien impressionnant. Heureusement, la LNH mettra bientôt un terme à ces rencontres ridicules en terrain neutre. Au dixième rang de leur conférence à la mi-saison, les Fleurdelisés perdent six matches de suite juste avant la pause du match des étoiles et Pierre Pagé disparaît de la circulation durant quatre jours, signe qu'une importante transaction se prépare.

Pagé joue son va-tout en expédiant Steve Duchesne et Denis Chassé à Saint-Louis en retour de Ron Sutter, Garth Butcher et Bob Bassen. Butcher et Sutter refusent cependant de se rendre à Québec et les Nordiques doivent allonger le fric pour attirer ces messieurs. Pour le même prix, il aurait été facile de s'entendre avec Duchesne, le quart-arrière incontesté des Fleurdelisés en 1992-93. Plus grave encore, Mats Sundin semble fort préoccupé lui aussi par son contrat, tandis que le capitaine des Nordiques, Joe Sakic, n'échappe pas aux critiques. Pagé estime que les médias et les amateurs sont trop négatifs, mais Steven Finn met le doigt sur le bobo: «Il n'y a aucune émotion, aucune réaction, on ne réagit à rien, il n'y a pas de vie, ça fait dur pas pour rire1».

Pour mettre un peu de vie dans le vestiaire, les Nordiques engagent Lucien Deblois comme entraîneur-adjoint, mais c'est loin d'être suffisant. Toujours privés des services de Peter Forsberg, qui est demeuré en Suède avec son club de MoDo, les Nordiques se rapprochent néanmoins du huitième rang détenu par la Floride en alignant une série de sept matches sans défaite au début de mars. C'est hélas! trop peu trop tard et les Fleurdelisés sont éliminés des séries éliminatoires le 8 avril. Déçu, un partisan des Nordiques décide de poursuivre l'équipe en justice tellement il considère qu’elle a failli misérablement à la tâche. Une élimination illogique quand on examine tout le potentiel des Nordiques!

Bilan: 28 points de moins qu'en 1992-1993. Les Sundin, Ricci, Kamensky, Leschyshyn, Rucinsky et Young ont vraiment baissé les bras. Ceux qu’on surnommait prématurément «les Oilers des années 90» ont du chemin à faire avant de répéter les exploits de la bande à Gretzky. On blâme surtout Pierre Pagé, dont les crises de plus en plus fréquentes ne parviennent même plus à motiver ses joueurs. S’il veut demeurer encore longtemps chez les Nordiques, Pagé devra renoncer à un de ses deux emplois et éviter qu'un pareil gaspillage de talent ne se répète encore une fois.

Notes de référence
1. Le Soleil, 17 janvier 1994, p. S5.

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