Saison 1994-1995
Un peu de tout dans cette dernière saison des Nordiques à Québec: un lock-out, un championnat de division, une élimination rapide... et un déménagement.

Après le départ de Pierre Pagé, les Nordiques font peau neuve en nommant Pierre Lacroix au poste de directeur-gérant. On s'attend que son bon ami Michel Bergeron revienne derrière le banc des Fleurdelisés, mais Lacroix choisit plutôt Marc Crawford, un jeune entraîneur anglophone de 33 ans qui parle un peu le français. Presque considéré comme un Dieu en Suède, Peter Forsberg fait enfin son entrée à Québec, mais il ne pourra jouer aux côtés de son compatriote Mats Sundin, échangé en compagnie de Garth Butcher et Todd Warriner aux Maple Leafs de Toronto contre le fougueux Wendel Clark, Sylvain Lefebvre et Landon Wilson. Conscient des faiblesses des Nordiques en défensive, Lacroix accomplit un joli tour de passe-passe en obtenant Uwe Krupp des Islanders de New York en retour de Ron Sutter.

À l'ouverture du camp d'entraînement, on sent qu'une nouvelle attitude positive s'installe chez les Nordiques. La menace d'un autre conflit de travail entre les joueurs et les propriétaires de la LNH risque cependant de tuer dans l’œuf cette belle disposition. La ligue promet un lock-out si les joueurs ne signent pas une nouvelle entente, mais ces derniers n'ont pas l'intention de céder d'un pouce. Le début de la saison 1994-1995 est d'abord retardé de 15 jours, puis repoussé à une date indéterminée... En attendant la fin du conflit, quelques joueurs des Nordiques s'entraînent avec le club junior de Beauport tandis que d'autres s'en vont disputer quelques matches en Europe. L'Association des joueurs organise un tournoi à quatre contre quatre à Hamilton avec quatre clubs, dont une Équipe-Québec, concrétisation d’un vieux rêve de l'avocat Guy Bertrand et de Jean-Claude Tremblay. Pour sa part, Wayne Gretzky monte sa propre formation et organise une tournée en Amérique du Nord et en Europe.

Pendant ce temps à Québec, 59 % de la population ne se considère pas affectée par le lock-out. Il y a tout de même du hockey au Colisée, où on présente deux rencontres des Harfangs de Beauport et un match opposant les Anciens Nordiques aux Anciens Canadiens. Les trois frères Stastny sont enfin réunis devant plus de 15 000 spectateurs, qui voient leurs favoris l'emporter par 7 à 5. Le lock-out se poursuit et la LNH réduit sans cesse son calendrier, éliminant au passage le match des étoiles qui devait avoir lieu à San Jose. La saison s’annonce compromise, mais des propriétaires prennent peur et décident de mettre un peu d'eau dans leur vin. Ils mettent de côté le plafond salarial auquel ils semblaient tenir résolument et les deux parties en viennent à une entente le 13 janvier 1995. Le nouveau calendrier de la saison n’inclura que 48 rencontres.

Délestés de presque sept millions en salaires, les joueurs des Nordiques reviennent frais et dispos au mini-camp d'entraînement de l'équipe à l'exception de Claude Lapointe, blessé au dos. La saison débute enfin le 21 janvier et les Fleurdelisés remportent 12 de leurs 13 premiers matches, incluant deux victoires à Philadelphie. Québec livre une chaude lutte à Pittsburgh pour le premier rang de la division Nord-Est; c’est un duel farouche opposant les deux équipes les plus excitantes de la ligue. Les Penguins remportent les deux premiers affrontements entre les deux clubs, dont le match du 27 février au Colisée, seule défaite de la saison à domicile des Nordiques. Mais ces derniers ne lâchent pas prise et s'emparent finalement du premier rang le 7 mars à la faveur d’une victoire de 5 à 4 sur la glace du Civic Arena.

Malgré la qualité du spectacle et la valeur de l’enjeu, les amateurs de Québec boudent le Colisée: une moyenne de 13 872 spectateurs après 12 rencontres locales est loin de répondre aux attentes. C’est la conséquence du lock-out mais surtout des rumeurs de vente qui secouent l'organisation. Après l'échec du plafond salarial, l'éventualité d’un transfert des Nordiques vers les États-Unis devient de plus en plus probable. Pourtant, plusieurs partisans ne peuvent pas imaginer que Marcel Aubut oserait vendre son équipe. Faisant allusion à l’affaire Lindros, un journaliste américain écrit: «J'espère qu'Aubut ne vendra pas les Nordiques à deux villes en même temps1!» Les joueurs ont beau dire que les rumeurs de vente ne les dérangent pas, la situation demeure fort préoccupante.

Pittsburgh reprend le premier rang le 13 mars, mais les Nordiques remettent les pendules à l'heure en battant les Penguins par 3 à 2 lors de la «soirée Michel Goulet» le 16 mars au Colisée. Malgré des blessures à Fiset, Clark, Krupp et Nolan ainsi qu'une série de trois défaites en fin de saison, Québec tient bon et devance Pittsburgh par quatre points au sommet de la division Nord-Est. C’est un deuxième championnat de division dans la LNH pour les Fleurdelisés, qui terminent leur saison écourtée avec une fiche de .677, un nouveau record d'équipe. Nul doute qu'il y aurait eu plusieurs autres records dans une saison de 84 rencontres! Même les Montréalais sont impressionnés, eux qui voient les Canadiens rater les séries pour la première fois depuis la saison 1969-1970.

Bons premiers dans leur conférence, les Nordiques affrontent au premier tour les champions de la coupe Stanley, les Rangers de New York. Québec remporte le premier match avec un beau retour en troisième période et un tour du chapeau de Joe Sakic, mais les «Blue Shirts» se reprennent dans le deuxième affrontement en infligeant une raclée de 8 à 3 à leurs rivaux. Les Fleurdelisés perdent le troisième match par un score serré de 4 à 3 et sont victimes deux jours plus tard d'une erreur flagrante de l'arbitre Andy Van Hellemond: déconcentré par un Alexei Kovalev étendu sur la glace, Van Hellemond rate le filet de Joe Sakic à l'autre bout de la patinoire et siffle un arrêt de jeu... après le but. Embrouillé, l'arbitre refuse le but à cause de la «blessure» à Kovalev, décision lourde de conséquences puisque Steve Larmer donnera la victoire aux Rangers en prolongation. Les arbitres, encore les arbitres, toujours les arbitres!

Acculés au mur, les Nordiques arrachent un gain de 4 à 2 le 14 mai dans ce qui deviendra le dernier match à domicile et la dernière victoire de toute l'histoire du club québécois. Le 16 mai, les Fleurdelisés rendent les armes et s'inclinent par 4 à 2 devant des Rangers beaucoup plus affamés, prêts à souffrir dans les coins de patinoire. Deux semaines plus tôt, on prédisait enfin une coupe Stanley aux Nordiques comme chant du cygne avant leur déménagement au Colorado; les partisans québécois voient avec désolation leur équipe bien-aimée quitter la Vieille Capitale le 25 mai, mais sans avoir remporté la précieuse et ultime récompense. C’est une autre saison teintée d’amertume et de désarroi qui a pris fin, à l’image des dénouements des dernières années. Peter Forsberg reçoit le trophée Calder à titre de recrue de l'année et Marc Crawford est nommé entraîneur de l'année, mais l'atmosphère n'est pas à la fête. Après 23 saisons dans l'AMH et la LNH, le beau rêve des Nordiques de Québec se termine abruptement.

Notes de référence
1. Le Soleil, 22 février 1995, p. S2.

Voir aussi
Profil: Les partisans
Souvenir: La vente des Nordiques (1995)
Statistiques, saison 1994-1995
Sommaire: Dernier match au Colisée
Sommaire: Dernier match dans la LNH
Pogs Canada Games, saison 1994-1995
Cartes Donruss, saison 1994-1995
Cartes Flair, saison 1994-1995
Cartes Fleer, saison 1994-1995
Cartes Fleer Ultra, saison 1994-1995
Cartes Kraft, saison 1994-1995
Cartes Leaf, saison 1994-1995
Cartes Leaf Limited, saison 1994-1995
Cartes Muppets, saison 1994-1995
Cartes postales des Nordiques, saison 1994-1995
Cartes O-Pee-Chee/Topps Premier, saison 1994-1995
Autocollants Panini, saison 1994-1995
Cartes Parkhurst, saison 1994-1995
Cartes Pinnacle, saison 1994-1995
Cartes Score, saison 1994-1995
Cartes Select, saison 1994-1995
Cartes SP, saison 1994-1995
Cartes Topps Finest, saison 1994-1995
Cartes Topps Stadium Club, saison 1994-1995
Cartes Upper Deck, saison 1994-1995
Magazines, saison 1994-1995
Photo d'équipe, saison 1994-1995


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