Saison 1991-1992
En refusant d'échanger Eric Lindros, les Nordiques montrent du cran, mais ils ont peut-être gâché leur saison, la cinquième de suite hors des éliminatoires.

C'est la stupéfaction dans la Vieille Capitale quand Eric Lindros refuse de se joindre aux Nordiques. Les partisans ont enduré les quatre dernières années de misère des Fleurdelisés sans trop se plaindre, mais cette fois c'en est trop! La direction est forcée de prendre une importante décision: doit-elle échanger Lindros tout de suite pour améliorer l'équipe ou attendre plus tard quand sa valeur marchande sera plus élevée? Les Nordiques semblent conserver un mince espoir d'en venir à une entente avec le jeune Ontarien, puisqu’ils lui ont réservé une page complète dans leur guide de presse pour la saison 1991-1992. Une affaire à suivre…

Autre coup dur pour les Fleurdelisés, Valeri Kamensky se fracture la jambe lors d'un match préparatoire à la coupe Canada. Considéré comme l'un des meilleurs joueurs en Europe, sinon le meilleur, et comparé à Peter Stastny, Kamensky voit son arrivée à Québec retardée d'encore quelques mois. Sans Lindros et Kamensky, les Nordiques pourront-ils se qualifier pour les séries éliminatoires? Dave Chambers s'attend à 20 ou 25 points de plus qu'en 1990-1991 mais les observateurs sont loin d'être aussi optimistes. Mats Sundin a connu un superbe tournoi de la coupe Canada, mais la progression de Nolan, Morin et Pearson soulève des questions et les nouveaux venus (Tatarinov, Paslawski, Smail et Kordic) n'impressionnent guère.

Les Nordiques font le jeu des prophètes de malheur en connaissant un début de saison lamentable avec un seul gain dans leurs dix premiers matches. Incroyable mais vrai, ils livrent une chaude lutte aux inoffensifs Sharks de San Jose pour le dernier rang du circuit. En plus d'exiger le renvoi de Dave Chambers, les amateurs demandent à la direction de se débarrasser d’Eric Lindros pour renflouer l’équipe. Pierre Pagé refuse de laisser partir la jeune vedette à rabais, mais il doit se résigner à congédier son ami Chambers après le dix-huitième match, une défaite humiliante au Colisée contre les Oilers d'Edmonton. L'adjoint de Chambers, Jacques Martin, aurait pu facilement le remplacer, mais Pagé décide de passer lui-même derrière le banc.

Sous les ordres de Pagé, les Nordiques renouent avec le succès à domicile: ils enfilent six gains au Colisée, du jamais vu depuis 1985. À l’extérieur par contre, c'est une autre histoire: la première victoire tarde à venir. Le 19 décembre, à Calgary, on croit bien que c'est dans le sac, mais le but des Fleurdelisés en prolongation passe inaperçu sur la reprise vidéo. Malgré tout, les Nordiques s'approchent à un point de Buffalo et du quatrième rang de la division Adams. Le 4 janvier 1992, le club québécois dispute à Uniondale son millième match dans la LNH, qui se solde par une défaite de 5 à 2 aux mains des Islanders.

Les Nordiques s’excluent eux-mêmes des séries éliminatoires en commençant la nouvelle année avec seulement une victoire et deux verdicts nuls à leurs 19 premiers matches. Refusant toujours d'échanger Lindros, Pagé doit se débrouiller avec les maigres ressources dont il dispose. Il va jusqu’à utiliser Mike Hough en avantage numérique, un joueur à caractère défensif. Il fait confiance à Steven Finn, un sacré bon gars mais qui ne devrait pas être le troisième défenseur du club. Pagé finit cependant par perdre patience avec John Kordic et Bryan Fogarty: il libère le premier et expédie le second aux mineures. Kordic sombrera dans la drogue et perdra la vie le 8 août 1992, à la suite d'une arrestation dont les circonstances sont toujours restées nébuleuses.

Ratant de peu le record de 37 défaites d'affilée à l'étranger dans une même saison (établi par les Capitals de Washington en 1974-1975), les Nordiques remportent enfin une victoire sur la route le 5 mars à Hartford. À leur trente-quatrième tentative, ils surprennent les Whalers par 10 à 4 grâce à cinq buts de Mats Sundin, lequel connaît une fin de saison du tonnerre. Après avoir embauché les vétérans John Tonelli et Gino Cavallini pour remonter le moral dans le vestiaire, Pagé conclut deux bonnes transactions: Ron Tugnutt et Brad Zavisha à Edmonton contre Martin Rucinsky, et Bryan Fogarty à Pittsburgh pour Scott Young. Il est cependant trop tard pour la saison 1991-1992 puisque les Fleurdelisés sont exclus des séries pour une cinquième année consécutive le 24 mars.

Une semaine plus tard, la LNH vit la toute première grève de son histoire. Les joueurs ont décidé à la quasi-unanimité de quitter le travail à quelques jours du début des séries de la coupe Stanley. Plusieurs points sont en litige: les revenus des ventes de cartes de hockey, la quête d'une plus grande autonomie, une caisse de retraite plus généreuse, un système d'arbitrage plus équitable, une bonification des primes versées durant les séries et une révision du système de repêchage qui permet à un club de renvoyer un joueur aux ligues mineures. La grève dure une dizaine de jours et se termine à l'avantage des joueurs. La ligue et l’Association des joueurs signent une nouvelle entente d'un an. Les séries éliminatoires sont sauvées, mais les propriétaires ont eu chaud et leur bataille avec les joueurs ne fait que commencer.

À cause de la grève, le dernier match des Nordiques au Colisée a été reporté au 14 avril. Seulement 8000 amateurs environ se déplacent pour assister à cette rencontre sans importance contre Buffalo. Ils sont témoins d'un incident fort étrange, voyant un spectateur sauter sur la glace devant le banc des Sabres et engager le combat avec leur dur-à-cuire, Rob Ray. Le téméraire gagne ce qui était un pari, mais il perd la bagarre contre Ray qui lui assène 17 coups sans réplique. Explication de Ray: «Je n'ai pris aucune chance1». Québec termine la saison avec 52 points, seulement six de plus qu'en 1990-1991 et à 13 points du quatrième rang. Sans la présence des Sharks de San Jose, les Nordiques auraient encore été bons derniers au classement général.

C’est une autre saison à oublier, mais cette fois il y a de la lumière au bout du tunnel. En plus de Sundin (le joueur de l'année chez les Fleurdelisés), Sakic, Owen Nolan (42 buts) et le gardien Stéphane Fiset ont bien paru dans les circonstances. Pagé confirme qu'il sera de retour derrière le banc des Nordiques en 1992-1993 et se prépare à échanger Eric Lindros dont la valeur marchande n’a cessé de grimper. La question se pose néanmoins: aurait-on dû conclure la transaction plus tôt durant la saison? Convaincue que la saison 1992-1993 sera fructueuse, la direction des Nordiques annonce qu'elle remboursera aux détenteurs d’abonnement de saison la hausse de 11 % du prix des billets si l'équipe rate les séries une sixième année de suite.

Notes de référence
1. Le Soleil, 16 avril 1992, p. S3.

Voir aussi
Profil: Pierre Pagé
Souvenir: L'affaire Lindros
Statistiques, saison 1991-1992
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Cartes O-Pee-Chee Premier, saison 1991-1992
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