Daniel Bouchard
Gardien de but à la personnalité fascinante, Daniel Bouchard sauve les Nordiques de la débandade en 1980-1981 avec ses arrêts miraculeux.

En cédant Jamie Hislop à Calgary en retour des services de Daniel Bouchard le 27 janvier 1981, les Nordiques font l'acquisition d'un gardien de premier plan, membre d'Équipe-Canada en 1976. On chuchote cependant que Bouchard est un gardien de commerce peu agréable, un individualiste qui n'accepte jamais la responsabilité des buts qu'il accorde… Réponse de Bouchard: «Je ne suis pas un trouble-fête et je vais le prouver1». Multipliant les arrêts incroyables devant sa cage, résultat de son spectaculaire style papillon, le gardien originaire de Val-d'Or est le grand artisan de la remontée des Nordiques en 1981 et de leur belle prestation contre les Flyers au premier tour des séries.

Bouchard veut demeurer à Québec, mais il exige un contrat faramineux et la lenteur des négociations a un effet néfaste sur sa condition physique. Remplacé par Michel Plasse au début de la saison 1981-1982, Bouchard entre rapidement en conflit avec Michel Bergeron au sujet du choix des gardiens. Dans la nuit du 15 au 16 décembre 1981, dans l'autobus transportant les Nordiques de Windsor à leur hôtel de Détroit, Bouchard et Bergeron en viennent presque aux coups; le vétéran gardien somme le jeune entraîneur d'aller s'asseoir sur son «steak»! Secoué par l'incident, Bergeron ne peut tout de même pas se passer du numéro 35, qui retrouve bientôt sa forme de la saison précédente.

Durant la série Canadiens-Nordiques au printemps de 1982, Daniel Bouchard est exceptionnel. Lors du cinquième et dernier match de la série, il bat Montréal presque à lui seul. Après la rencontre, il invoque le secours de la Providence et prêche la parole de Dieu dans l’entrevue qu’il accorde à un Lionel Duval décontenancé par l’élimination hâtive du Tricolore. Ses convictions religieuses lui attirent toutefois de nombreux sarcasmes, notamment de la part de Mario Tremblay qui ne rate jamais une occasion de déconcentrer le «Curé», lequel tombe presque toujours dans le panneau. En 1982-1983, Bouchard se fait encore remarquer en refusant d'accorder des entrevues aux journalistes, tout comme le lanceur Steve Carlton des Phillies de Philadelphie.

En 1984-1985, Bouchard se voit confier moins de travail, en raison de la venue de Richard Sévigny et de l’émergence de Mario Gosselin, mais il accepte son sort en véritable joueur d'équipe. À 34 ans, ses meilleures années sont derrière lui. Au début de la saison 1985-1986, les Nordiques le cèdent aux Jets de Winnipeg où il aura la chance de disputer un plus grand nombre de rencontres. Après une saison dans la capitale du Manitoba, Daniel accroche définitivement ses jambières. De retour chez lui à Atlanta, il apprend en février 1990 qu'il a une tumeur au cerveau; opéré avec succès le 20 mars, il se rétablit rapidement et seule une partie de son visage montre encore des séquelles de cette difficile épreuve.

La même année, Bouchard devient l'instructeur des gardiens des Nordiques. Il accomplit cette tâche jusqu'en 1993-1994, prodiguant surtout ses conseils au jeune Stéphane Fiset. Incapable de résister à la tentation, il se met dans l'eau chaude durant les éliminatoires de 1993 lorsqu'il déclare, après le deuxième match de la série contre les Canadiens, qu'il a trouvé une faille dans le jeu de Patrick Roy. On connaît la suite: le jeune gardien originaire de Québec se ressaisit dans le troisième match et permet aux Canadiens de remporter la série et la coupe Stanley un mois plus tard. Cette fois-ci, le meilleur gardien de l'histoire des Nordiques a commis un grave pêché!

Notes de référence
1. Claude Larochelle, Les Nordiques: 10 ans de suspense, Sillery, Lotographie, 1982, p. 335.

Voir aussi
Statistiques et cartes de Daniel Bouchard


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