Saison 1990-1991
Jamais deux sans trois! Les Nordiques terminent pour une troisième année de suite au dernier rang de la ligue. Le prix de consolation: Eric Lindros!
Après avoir écarté les candidatures de Dave King et Bob Gainey, les Nordiques offrent le poste de directeur-gérant à Pierre Pagé, entraîneur des North Stars du Minnesota la saison précédente. Pagé prend la sage décision de ne pas assumer le rôle d’entraîneur, mais il manque de tact en attendant des semaines avant d'indiquer à Michel Bergeron qu'il est congédié. Pour remplacer le «tigre», il surprend tout le monde en misant sur Dave Chambers, un excellent entraîneur dans les rangs amateurs, mais qui ne parle pas le français. N'aurait-il pas été préférable de faire confiance à Jacques Demers, disponible après son départ de Détroit?
En plus de Joe Sakic, Chambers peut compter sur Owen Nolan, premier choix des Nordiques en 1990 et prêt à faire le saut dans la LNH, ainsi que sur Mats Sundin. Le premier choix des Fleurdelisés en 1989 (et premier Européen repêché au tout premier rang) a quitté la Suède un an plus tôt que prévu, décision qui l’a fait passer un moment pour un traître dans son pays. Sundin contestait le contrat qu’il avait signé avec le club de Djurgarden, une entente bizarre faisant allusion à certaines promesses verbales que le club suédois n’aurait pas tenues. Les Nordiques et la Fédération suédoise de hockey en sont finalement venus à une entente et le «Grand Viking» peut enfiler le chandail fleurdelisé.
Voilà pour la «force des jeunes», mais qu'annonce le reste de la formation québécoise? Guy Lafleur revient pour une dernière saison dans la LNH, les Nordiques mettent la main sur Wayne Van Dorp au repêchage intra-ligue (une perte de temps puisque Van Dorp a déjà une épaule en compote) et… c'est à peu près tout. Les Nordiques se comparent à un mauvais club de la Ligue américaine, ne faisant toujours pas le poids face aux autres formations de la LNH. Même Dave Chambers doit l’admettre: «C'est évident que c'est au niveau de la qualité de notre personnel qu'il y a des problèmes1». Les journalistes prédisent le cinquième rang de la division Adams au club québécois, coté à 1000 contre un par le quotidien USA Today pour remporter la coupe Stanley.
Les Nordiques connaissent tout de même un début respectable avec neuf points à leurs dix premières rencontres, mais le ciel tombe alors sur la tête de Dave Chambers: huit défaites de suite, puis une neuvième, une dixième, une onzième… Le pire, c'est que la direction ne peut rien faire. Congédier Chambers? Comme s'il n'y avait pas assez eu de changements derrière le banc de l'équipe depuis 1987! Un gros échange? Les Nordiques n'ont presque plus rien à offrir; se départir d'un Sakic ou d'un bon choix au prochain repêchage serait carrément suicidaire. La série de défaites s'arrête à 14 avec un match nul à Hartford le 21 novembre, mais les Nordiques ne renoueront avec la victoire que le 28 novembre, après 17 tentatives infructueuses. Deux records de plus!
Toujours aussi sympathiques à l'endroit des Nordiques, les journalistes de l'Ouest du pays leur trouvent un nouveau surnom: «les Misérables». À la mi-saison, ils occupent le dernier rang de la ligue avec 25 points, un de moins que Toronto. Détail important, car un jeune joueur ontarien au talent exceptionnel, Eric Lindros, sera disponible au prochain repêchage amateur. Le premier choix aurait dû normalement aller à la nouvelle équipe de San Jose, mais Marcel Aubut s'est battu pour qu'il revienne plutôt au détenteur du vingt et unième et dernier rang de la saison 1990-1991. Et puisque Toronto a déjà cédé son premier choix au New Jersey (contre Tom Kurvers), on peut s'attendre que les Leafs fassent l'impossible pour ne pas terminer au dernier rang. Eric Lindros se rapproche de Québec…
Entre-temps, Pierre Pagé continue son travail de reconstruction. Il envoie Michel Petit, Lucien Deblois et Aaron Broten à Toronto en retour de Scott Pearson et des choix de deuxième tour en 1991 et 1992. Il se débarrasse ensuite de deux mécontents, Joe Cirella (aux Rangers contre Aaron Miller et un choix de cinquième tour) et Claude Loiselle (qui se retrouve à Toronto après une transaction avortée avec Calgary). En quête d'un gardien après une blessure à Ron Tugnutt, Pagé va chercher Jacques Cloutier à Chicago en retour de Tony McKegney et finit par se départir de Paul Gillis, Daniel Vincelette et Darin Kimble. Le ménage est terminé, mais on accuse Pagé de tout faire pour que son club termine au dernier rang. Accusation un peu ridicule quand on pense à tout ce que les joueurs ont dû endurer cette année-là.
Après le choc de la saison 1989-1990, la foule du Colisée accepte plus facilement la défaite et tente de voir le bon côté des choses en brandissant des affiches portant des inscriptions comme «Welcome Lindros». Le 7 février, contre Montréal, les spectateurs du Colisée ont la surprise de voir Lindros patiner avec les joueurs des Nordiques durant le réchauffement d'avant-match. Mais ce n'est pas le vrai Lindros, seulement un étudiant de l'Université Laval bien déterminé à remporter le carnaval de son institution. D'autres étudiants font par ailleurs tomber une pluie de balles de tennis sur la patinoire durant le match. On rigole ferme, mais les insuccès de l'équipe doivent cesser au plus tôt, car les assistances au Colisée commencent à baisser de façon inquiétante.
Le Soviétique Alexei Gusarov joint l'équipe en décembre, mais pas Valeri Kamensky qui tarde à arriver à Québec. Par ailleurs, Stéphane Morin impressionne avec 40 points en 48 matches et Claude Lapointe fait ses débuts avec les Nordiques. Aux prises avec un grave problème de consommation d’alcool, Bryan Fogarty doit suivre une cure de désintoxication. Les Nordiques sont officiellement éliminés des séries le 2 mars et s'assurent le dernier rang de la ligue le 21 mars par un verdict nul de 3 à 3 au Garden de Boston. Durant ce match complètement fou, le gardien Ron Tugnutt a résisté courageusement à un bombardement de 73 lancers (contre 26 pour les Nordiques), frustrant Raymond Bourque à quelques secondes de la fin du match grâce à un superbe arrêt. On a déjà donné des médailles pour moins que ça.
La saison se termine sur une fête grandiose au Colisée, en hommage à Guy Lafleur qui se retire du hockey professionnel une seconde fois. Dave Chambers assure qu'il sera de retour derrière le banc des Nordiques en 1991-1992, mais son style peu flamboyant ne semble pas motiver tellement les joueurs. La défensive de l’équipe a notamment terminé au dernier rang de la ligue. En complétant la saison régulière au dernier rang de la ligue, 11 points derrière Toronto, Québec obtient finalement le droit de s’accaparer Eric Lindros, mais déjà on chuchote que ce dernier n'est pas très intéressé à se joindre aux Fleurdelisés.
Notes de référence
1. Le Soleil, 1er octobre 1990, p. S4.
Voir aussi
Profil: Guy Lafleur
Souvenir: Le Colisée de Québec
Statistiques, saison 1990-1991
Sommaire: Ron Tugnutt affronte 73 lancers
Cartes Bowman, saison 1990-1991
Cartes Kraft, saison 1990-1991
Cartes postales des Nordiques, saison 1990-1991
Cartes O-Pee-Chee/Topps, saison 1990-1991
Cartes O-Pee-Chee Premier, saison 1990-1991
Autocollants Panini, saison 1990-1991
Cartes Pro Set, saison 1990-1991
Cartes Score, saison 1990-1991
Cartes Upper Deck, saison 1990-1991
Magazines, saison 1990-1991
Photo d'équipe, saison 1990-1991
Page précédente: Saison 1989-1990
Page suivante: Saison 1991-1992