Guy Lafleur
Le retour de Guy Lafleur à Québec a suscité beaucoup d'intérêt dans la Vieille Capitale, mais il a aussi permis de réparer une vieille erreur des Nordiques.

Montréal a «volé» à Québec ses deux plus grands héros, Jean Béliveau en 1953 et Guy Lafleur en 1971. En avril 1973, la Vieille Capitale a la chance de prendre sa revanche sur la métropole. Après une première saison difficile dans l'AMH, les Nordiques sont à la recherche de nouvelles vedettes et tentent de rapatrier Guy Lafleur à Québec. Tout le monde sait que Guy est malheureux chez les Canadiens, où, sous les ordres du détestable Scotty Bowman il ne connaît pas les succès escomptés. Il s'ennuie de Québec, sa ville d'adoption, et du Colisée où il a réalisé ses plus grands exploits, avec le club de Thurso aux tournois pee-wee de 1963 et 1964, et avec les Remparts, champions de la coupe Memorial en 1971.

Un peu trop sûre de son coup, l'organisation des Nordiques y va d'une première offre de cinq ans à 90 000 $ par saison. L’agent de Lafleur, Gerry Patterson, n'est pas impressionné. Québec revient à la charge avec une seconde offre, à peine plus intéressante. Le directeur-gérant des Canadiens, Sam Pollock, a assez ri. Le 4 avril, avant un match éliminatoire contre Buffalo, Sam «le renard» présente à Lafleur un contrat d'un million de dollars pour dix ans, qui doit être signé le jour même. Lafleur refuse, mais Patterson — un ami de l'organisation du Canadien — le presse d'accepter. Quelques minutes avant le début du match, Lafleur signe.

Après la rencontre, l'émissaire des Nordiques (Roger Barré, futur beau-père de Lafleur) se présente devant Guy avec la dernière offre des Nordiques, un million de dollars pour cinq ans! Lafleur fond en larmes et tente d'annuler le pacte qu’il vient de signer avec le Tricolore, mais il est trop tard. On connaît la suite: à sa quatrième saison à Montréal, Lafleur retrouvera sa touche magique et deviendra le joueur le plus électrisant de la LNH. Aurait-il connu autant de succès chez les Nordiques? Sans le «Démon blond», le Canadien aurait-il remporté quatre coupes Stanley d'affilée de 1976 à 1979? Questions qui n’auront jamais de réponses!

À l'été de 1989, Guy Lafleur est à nouveau disponible et, cette fois, les Nordiques ne ratent pas l’occasion. Comme prévu, le retour de «Ti-Guy» à Québec soulève l'enthousiasme des amateurs, qui ont suivi avec intérêt son retour au jeu avec les Rangers en 1988-1989. L’embauche de Lafleur se traduit par un succès immédiat aux guichets du Colisée, mais aussi sur la patinoire où le vétéran impressionne avec 34 points en 39 rencontres. À sa dernière saison en 1990-1991, Lafleur joue moins souvent, mais partout où il passe, les amateurs et les autres équipes de la LNH lui rendent hommage. L'entraîneur Mike Milbury choque les partisans des Nordiques en refusant de sélectionner Lafleur pour le match des étoiles, mais le président de la ligue, John Ziegler, l’invite personnellement à prendre part à la rencontre.

«Ti-Guy» finit sa carrière en beauté avec deux matches face aux Canadiens. Le 30 mars 1991, la foule du Forum lui réserve une vibrante ovation de six minutes alors qu'il fait la paix avec Ronald Corey. Lafleur marque ce soir-là son cinq cent soixantième et dernier but dans la LNH. Le lendemain, une fête monstre se déroule à Québec en hommage au numéro 10 des Nordiques. Diane Tell, Julie Masse et André-Philippe Gagnon (portant le fameux chandail numéro 4 de Lafleur chez les Remparts) comptent parmi les artistes invités. Toujours prêts à damer le pion à Montréal, les spectateurs du Colisée y vont d'une ovation de 12 minutes pour leur idole! Après une sortie ratée en 1984, Guy Lafleur se retire cette fois avec le sentiment du devoir accompli. Il demeurera trois ans dans l'organisation des Nordiques à titre de directeur des affaires corporatives et communautaires.

Voir aussi
Statistiques et cartes de Guy Lafleur


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