Saison 1977-1978
Pas de cadeaux pour les champions de l'AMH! La Ligue nationale rejette le projet de fusion, les Nordiques effectuent un séjour infernal en URSS et connaissent un échec décevant en demi-finale.

Jean-Claude Tremblay avait vu juste: la fusion tant espérée entre l'AMH et la LNH est écartée par le circuit Ziegler le 9 août 1977. Après s'être mis à genoux devant les dirigeants de la LNH, les propriétaires des équipes de l'AMH sont jetés à la rue comme des malpropres et doivent se réorganiser en catastrophe pour préparer la sixième saison de leur circuit. Trois clubs ont cependant quitté l'AMH: les Roadrunners de Phoenix, les Mariners de San Diego et les Cowboys de Calgary. Trois bonnes villes de moins pour le circuit maudit qui ressemble de plus en plus à la bonne vieille «LNH à six clubs» d'antan! À Québec, on est déçu de l'échec des négociations, mais on souligne que les conditions de la fusion étaient inacceptables (vedettes de l’AMH forcées de rejoindre leur équipe d’origine dans la LNH, classement séparé pour les anciens clubs de l’AMH).

Moins d'équipes signifie toutefois moins de joueurs au talent douteux et un meilleur équilibre. Tous les clubs semblent améliorés, à l'exception peut-être des Nordiques qui ne récupèrent que deux joueurs des Cowboys, Peter Driscoll et le gardien Don McLeod. Les Fleurdelisés s'entendent pour cinq ans avec Robert Picard, mais ce contrat est aussitôt contesté par la LNH puisque le jeune défenseur a déjà conclu une entente de principe avec les Capitals de Washington. Picard veut jouer pour les Nordiques — «J'aimerais mieux devenir livreur de pizzas à Québec que de jouer pour les Capitals1», dit-il — mais l'AMH refuse d'appuyer le club québécois dans sa lutte. Picard s'en va donc à Washington, après avoir réussi à froisser tout le monde.

Pour la première fois, les champions de l'AMH affrontent des clubs de la LNH durant le camp d'entraînement. Le match du 8 octobre au Colisée contre les Rangers de New York se solde par un verdict nul de 5 à 5, mais deux jours plus tard les Nordiques ont raison des Capitals par 5 à 1. De passage au Colisée, Robert Picard se voit offrir une… pizza. En début de saison, «Smokey» McLeod fait une fugue; la direction des Nordiques exauce son vœu d’aller jouer ailleurs en l'expédiant à Edmonton avec Pierre Guité en retour de Ken Broderick, Dave Inkpen, Warren Miller et Rick Morris. Jim Corsi devient le second gardien des Fleurdelisés, qui rachètent le contrat de Matti Hagman aux Bruins de Boston pour remplacer Christian Bordeleau. Opéré à l'épaule gauche, Bordeleau est fini pour le reste de la saison et songe à prendre sa retraite.

Épuisés par le calendrier mal foutu de l'AMH, les Nordiques s'envolent vers Moscou à la mi-décembre pour participer au tournoi des Izvestia. C’est un échec total: les Fleurdelisés ne récoltent qu'un maigre point en quatre rencontres face à l'URSS, la Tchécoslovaquie, la Suède et la Finlande. Tout va mal, jusqu’à la distribution de la bière qui profite à certains joueurs mais pas à d'autres. L'entraîneur Marc Boileau s'emporte et accuse sa troupe de manquer de cœur à l'ouvrage: rien pour remonter le moral de l'équipe! Les Québécois rentrent à Québec juste à temps pour Noël, mais ils repartent aussitôt pour deux matches dans l'Ouest du pays. Leur calendrier est encore plus chargé en janvier, avec 17 rencontres en 31 jours dont le match des étoiles le 17 janvier au Colisée.

Comblant un déficit de 4 à 1, les Nordiques battent les étoiles de l'AMH par 5 à 4 devant seulement 6413 spectateurs. Quelques heures plus tard, à 4 h 18 de la nuit, la toiture du Civic Center de Hartford s'écroule sous le poids de la neige. Par miracle, personne n'est blessé. Le Civic Center sera reconstruit en plus gros, mais pour l'instant les Whalers doivent déménager à Springfield dans le Massachusetts. C’est un autre coup dur pour l'AMH, qui est aussi sur le point de perdre deux de ses plus grandes vedettes au profit de la LNH, les Suédois Anders Hedberg et Ulf Nilsson. Pendant ce temps, à Québec, la liste des blessés inquiète la direction: dix joueurs sont sur le carreau en même temps. Les Nordiques occupent le troisième rang de la ligue le 24 janvier, mais ils glissent au cinquième quelques jours plus tard.

Les insuccès des Nordiques à l’étranger s'intensifient à la mi-février avec sept défaites consécutives. Affichant un désolant bilan de 2 victoires en 12 rencontres, les Fleurdelisés semblent dans l’impasse. Un changement s'impose derrière le banc. Le 25 février, Maurice Filion congédie Marc Boileau et prend sa place. Complètement déprimé, Boileau confie aux journalistes: «Le pauvre Filion, je ne sais pas ce qu'il va faire là-dedans. Il n'y a pas plus de six joueurs qui donnent leur rendement dans cette équipe2». Filion remet un peu d'ordre dans la baraque et les Fleurdelisés se ressaisissent en fin de saison avec 29 points à leurs 22 derniers matches. Malgré une moyenne lamentable de .295 sur la route, ils se hissent au quatrième rang du circuit avec 83 points en 80 rencontres.

Le 8 avril, face aux Racers d'Indianapolis, Marc Tardif inscrit une nouvelle marque du hockey professionnel: il bat le record de 152 points en une saison de Phil Esposito, réalisé en 1970-71 avec les Bruins de Boston. Le capitaine des Nordiques termine la saison avec 154 points (65 buts et 89 passes), exploit remarquable qui lui vaut une belle ovation au Colisée. Privé des services de Matti Hagman (retourné en Europe) et de Jean-Claude Tremblay, le club québécois se rend au Texas pour affronter les Aeros au premier tour des séries éliminatoires. Houston remporte le premier match en prolongation sur un but de Ted Taylor, mais Marc Tardif rend la pareille aux Aeros deux jours plus tard et la série est égale 1 à 1. Les Nordiques gagnent les deux rencontres suivantes à Québec, échappent le cinquième match à Houston et cognent le dernier clou dans le cercueil des Aeros par une victoire de 11 à 2 au Colisée le 26 avril.

En demi-finale, Québec perd son premier duel contre les Whalers, mais le gardien Richard Brodeur excelle dans le second match et permet aux Nordiques de niveler la série. Les Fleurdelisés accordent le but vainqueur dans la toute dernière minute de jeu de la troisième rencontre, puis sont écrasés par la Nouvelle-Angleterre dans les deux matches suivants. Les Whalers passent donc en finale contre les Jets, à la grande déception des partisans québécois qui s'attendaient que les Nordiques défendent jusqu’au bout leur championnat de la saison précédente.

Notes de référence
1. Claude Larochelle, Les Nordiques: 10 ans de suspense, Sillery, Lotographie, 1982, p. 269.
2. Op. cit. p. 273.

Voir aussi
Profil: Réal Cloutier
Souvenir: Les matches internationaux
Statistiques, saison 1977-1978
Sommaire: Deuxième match des étoiles de l'AMH au Colisée
Cartes O-Pee-Chee, saison 1977-1978
Magazines, saison 1977-1978
Photo d'équipe, saison 1977-1978
Photo d'équipe: Tournoi des Izvestia, 1977


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